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Hommage à Camille

Publié par NDDL41 sur 22 Février 2013

C’est un projet né au 20° siècle, que les plus optimistes croyaient enterré. C’était sans compter avec la voracité des investisseurs, la corruption et l’étrange obsession des femmes et des hommes de pouvoir de marquer leur terrain comme y pissent les chiens. Sauf que cette trace là serait plus que puante. Béante meurtrissure d’une zone humide, ce projet sorti des neurones fatigués de politiciens sans horizon et des doigts crochus d’obscurs affairistes devait rayer de la carte des centaines d’hectares de terres agricoles fertiles et déporter plusieurs familles paysannes. Réalisation pharaonique mais dont le coût est vraisemblablement très sous estimé pour mieux faire glisser la pilule, cet aéroport, fantôme renaissant du siècle dernier, cette spéculation hasardeuse sur la relative apathie des mouvements sociaux a fait florès…

Montage financier colossal, soutenu par l’échafaudage d’un mundillo politique qui ne fait plus de différence entre le bleu et le rose, ses pieds d’argile se fondent depuis quelques mois dans l’humidité ambiante du lieu prédestiné et sa façade décorée de centaines de casques et boucliers ne résiste que mal aux joyeuses poussées de ceux de la terre, de ceux de la canopée, de celles et ceux qui en tous lieux ont lancé la résistance, l’organisent et la soutiennent.

Oui il faut le dire et le redire. Nos résistances sont fertiles. Nos solidarités porteuses d’avenirs que nous refusons de laisser dessiner par ceux qui n’en ont décidément plus, engoncés qu’ils sont dans des certitudes dogmatiques d’un autre temps où les décisions faisaient fi de l’avis des populations, où les résultats des enquêtes étaient manipulés. Nos espoirs valent plus que leurs dogmes. Nous sommes en marche, ils sont désemparés, abasourdis, en échec devant la justice, en échec dans la forêt où les robotcops empêtrés ne savent pas, ne savent plus comment faire, ne peuvent plus, n’en peuvent plus, en échec dans l’opinion publique qui ne comprend pas, qui n’accepte plus que la répression, le mépris et l’injure soient les seules réponses en écho à nos multiples innovations.

Ils perdront cette bataille là et d’autres encore à venir, ceux que nous ne nommerons plus, ceux dont nous ne dirons plus la généalogie, ni le curriculum vitae mais a qui nous ferons la guerre sans relâche tant que tiendra ce projet fou. Ils perdront de l’argent ces promoteurs avides, car nous les ciblerons sur tout le territoire, ils perdront leur crédibilité les planificateurs d’un futur mortifère.

C’est une grande joie qui nous anime que de participer collectivement à l’écriture de nouvelles étapes dans la construction d’une autre façon de concevoir le déroulé de nos vies. Ici et ailleurs. Nous sommes tels des laborantins, expérimentant depuis quelques années pour certains et plus récemment pour des centaines d’autres, ce que veut dire concrètement une solidarité inscrite dans le quotidien. De ce laboratoire de Camilles où convergent jeunes et plus âgés, syndicalistes et individus, salariés et paysans, fracassés de la vie et sans travail, rêveurs et poètes, prend forme une immense hypothèse qui n’est plus utopie: nous pouvons construire ensemble dans le respect de nos identités et de nos différences, dans le respect et la sauvegarde des savoir faire, dans la non violence. Nous faisons la preuve qu’il est possible de résister longtemps. Nous faisons ensemble la preuve que d’autres mondes sont possibles.

Qu’ils en soient surs, nous ne lâcherons rien !

Nicolas Duntze, paysan, Confédération paysanne.

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